« L’éducation à la sexualité face aux inquiétudes des parents d’élèves », The Conversation

Cet article, écrit par Yves Verneuil, professeur en sciences de l’éducation à l’université Lyon 2, propose un historique de l’éducation à la sexualité en milieu scolaire en France et relève les freins en ayant entravé le déploiement.

En effet, l’éducation à la sexualité en milieu scolaire reste un sujet controversé en France, malgré les avancées législatives et des circulaires répétées pour renforcer son application. Le programme proposé par le Conseil supérieur des programmes (CSP) en mars 2024 ambitionne de revitaliser cette éducation en répondant aux faiblesses persistantes, souvent dues à des résistances historiques et culturelles. La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, souhaite une mise en œuvre rapide pour concrétiser l’objectif des trois séances annuelles prévues par la loi du 4 juillet 2001.

Résistances historiques et enjeux législatifs

Depuis le début du XXe siècle, la crainte des réactions parentales a freiné les initiatives d’éducation sexuelle. Les premières propositions, comme celles de 1937, furent suspendues sous la pression des associations de parents. En 1973, la circulaire Fontanet différenciait « information sexuelle » et « éducation sexuelle », la seconde étant facultative et soumise au contrôle des parents. Ce modèle visait à concilier la pluralité des convictions morales et religieuses.

Dans les années 1990, l’approche évolue avec une orientation obligatoire, marquée par la circulaire de 1998 qui promeut des valeurs de respect, d’égalité et de prévention. Bien que validée par le Conseil d’État, cette obligation a alimenté les oppositions de groupes conservateurs, certains dénonçant une atteinte à la neutralité laïque.

Vers une approche plus inclusive et humaniste

Le contenu de l’éducation à la sexualité s’est diversifié au fil des décennies. Historiquement centrée sur la prévention des maladies vénériennes, elle inclut aujourd’hui des thématiques telles que la prévention des violences sexistes et sexuelles, et l’égalité entre les genres. Les circulaires récentes, comme celle de 2018, soulignent les valeurs humanistes et laïques sous-tendant ces enseignements.

Cependant, les réticences demeurent. Des associations conservatrices critiquent ce qu’elles perçoivent comme une intrusion dans la sphère familiale ou une tentative d’imposer des idéologies. La coéducation, visant à associer école et parents dans ces démarches, est mise en avant pour apaiser les tensions.

Adaptations récentes et perspectives

Le programme de 2024 illustre une volonté d’adaptation : pour les cycles maternelle et primaire, l’intitulé se concentre sur la « vie affective et relationnelle », évitant le terme « sexualité », tandis que ce dernier reste utilisé pour les adolescents. Cette distinction témoigne d’une tentative de rendre l’éducation acceptable pour les jeunes enfants tout en répondant aux attentes pour les plus âgés.

Enfin, l’évolution des débats laisse entrevoir une diminution des controverses, notamment concernant les adolescents. Si ces tendances se confirment, elles pourraient marquer une avancée significative, bien que la mise en œuvre concrète du programme reste cruciale pour garantir une éducation homogène et effective.

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