Contrairement à l’idée reçue selon laquelle l’écologie serait une préoccupation réservée aux classes aisées, l’histoire environnementale montre que les classes populaires ont depuis longtemps développé une conscience écologique, bien que souvent exprimée différemment. Les ouvriers, pêcheurs ou paysans ont été directement confrontés aux effets de l’industrialisation sur leur environnement, car leur survie dépendait de la qualité de celui-ci.
Des exemples historiques, comme les grèves des ouvrières exposées au phosphore ou les mobilisations ouvrières contre la pollution dans les années 1960, illustrent un environnementalisme populaire soucieux de la santé, des conditions de travail et de la préservation des milieux de vie. Cet engagement s'inscrit dans ce que l’économiste Joan Martinez-Alier appelle l’« environnementalisme des pauvres », basé non pas sur un culte de la nature, mais sur la nécessité de préserver les ressources vitales.
Ce courant s’est aussi structuré à travers les luttes pour la justice environnementale, nées aux États-Unis dans les années 1980, dénonçant l’exposition disproportionnée des populations pauvres et racisées aux pollutions industrielles. Ce mouvement met en lumière la violence lente des pollutions invisibles, qui affectent durablement la santé des habitants des zones dégradées.
Aujourd’hui encore, les classes populaires, bien qu’émettant moins de gaz à effet de serre que les classes aisées, restent souvent pointées du doigt dans les débats écologiques. Pourtant, elles continuent de faire face à de fortes contraintes matérielles et sont souvent en première ligne des mobilisations locales contre les pollutions industrielles.
En somme, l’écologie populaire existe bel et bien, mais elle prend des formes ancrées dans le vécu, la survie et la lutte pour des conditions de vie dignes, loin des discours moralisateurs ou technocratiques dominants.
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